Visite de l’expo Arts & Préhistoire au Musée de l’Homme
18 janvier 2023. #ProjetLascaux
Une nouvelle grande exposition de Préhistoire à Paris !
L’exposition Arts & Préhistoire, inaugurée le 16 novembre 2022, propose un regard neuf sur les pratiques artistiques du Paléolithique. C’est d’abord un immense travail que je tiens à saluer : celui de la muséographe cheffe de projet Marie Merlin, qui m’a accueilli aujourd’hui au Musée de l’Homme, et du commissariat scientifique composé de Patrick Paillet et Eric Robert, tous deux préhistoriens au Muséum national d’histoire naturelle. Je fais aujourd’hui cette visite en compagnie de l’équipe Lascaux, Olivier Retout et Claire de Visscher.
Plus de 90 pièces originales exceptionnelles
La force de cette exposition c’est d’abord la collection de 94 pièces préhistoriques originales qu’elle présente : vénus ou sculptures féminines, sculptures masculines, objets d’art mobilier et représentations animales. Ce sont des oeuvres provenant des collections du Musée de l’Homme et de prêts de toute l’Europe qu’il est rare de voir rassemblées dans une même exposition. Attention, évènement !
La Vénus de Lespugue, véritable icône de la Préhistoire, est exposée
Cette statuette de 28 000 ans découverte en Haute-Garonne en 1863 est la première représentation humaine préhistorique découverte. Elle fait partie des collections du Muséum national et il est assez rare de la voir exposée. Vous trouverez d’ailleurs un focus et hommage à cette dame sur le balcon des sciences, en sortie de l’exposition ; et un fac-similé pour la prendre entre vos doigts et l’observer dans tous ses détails.
Les humains de la Préhistoire, connectés à leur environnement
Vous verrez dans l’exposition d’étonnantes représentations animales peu connues (cheval, mammouth, cygne, ourson, etc.). Ces pièces parlent du lien entre les humains et la nature au Paléolithique, et de l’utilisation des matières offertes par l’environnement (pierres, végétaux, ossements, ivoire, minéraux, etc.). Parmi ces pièces il y a bien sûr le mammouth gravé de La Madeleine (qui pourrait à lui seul faire l’objet d’une exposition…), une découverte incroyable faite en 1863 par Lartet et Christy dans le gisement de La Madeleine dans le Périgord et qui a marqué une étape importante dans l’histoire de la Préhistoire. Mais il y a aussi d’autres petits objets moins connus comme ce cygne en bois de renne de Laugerie-Basse (Périgord) ou cet ourson en bois de renne également de Laugerie-Basse. Je ne connaissais pas ces magnifiques petites sculptures qui ressemblent à des jouets d’enfants !
Et de la grotte surgit l’art pariétal…
Nous arrivons à la partie dédiée à l’art rupestre. Le message principal que l’équipe de conception semble avoir voulu faire passer ici est l’universalité du phénomène de l’art préhistorique pariétal. Nous savons en effet aujourd’hui que nos ancêtres ont réalisé des oeuvres d’art sur tous les continents habités de la planète, sur une période de temps de plusieurs dizaines de milliers d’années. Nous savons aussi que ce phénomène s’empare du monde souterrain, et qu’il s’arrête à la fin du Paléolithique supérieur, il y a environ 10 000 ans, à l’aube du Néolithique.
L’art préhistorique et l’énigme du sens
La dernière partie de l’exposition propose plus d’interactivité et s’appuie sur des films et animations pour donner à décrypter des compositions pariétales. Ainsi le thème du cheval, animal le plus représenté dans l’art préhistorique, est analysé sous toutes ses coutures dans un excellent média. La Scène du Puits de la grotte de Lascaux fait l’objet d’une infographie astucieuse qui présente les dernières interprétations de la narration. Enfin le Panneau du Cheval de Pech-Merle est projeté sur une paroi vierge pour montrer comment les artistes se sont emparés des formes et du relief de la paroi avant de donner vie à ce grand cheval.
La science Préhistoire, pour mieux comprendre les humains
Je travaille sur des projets de préhistoire depuis de nombreuses années (Tautavel, La Chapelle-aux-Saints, Gargas, La Madeleine…) et d’art préhistorique en particulier (Lascaux), aussi ma curiosité était très grande autour de cette nouvelle exposition parisienne. Elle me dit 2 choses : d’une part que la richesse des productions préhistoriques et les connaissances déployées par l’archéologie préhistorique ont encore énormément à nous dire des sociétés du Paléolithique. D’autre part, on ne peut pas faire l’économie d’une muséographie de la Préhistoire intelligente, précise et rigoureuse, pour diffuser ces connaissances au plus grand nombre. La Préhistoire vit et doit se partager aujourd’hui plus que jamais, elle vient nous rapprocher de nos ancêtres nomades chasseurs-cueilleurs collecteurs et de leur rapport au monde différent du nôtre. Finalement elle vient nous demander : « c’est quoi, être humain? », et par les temps qui courent, il est bon de se poser la question…